Panorama des cépages stars et oubliés
A l’intérieur de chaque flacon, c’est une danse à plusieurs voix. Le choix du cépage, ou de l’assemblage, conditionne l’équilibre entre fraîcheur, fruité, structure et finesse de la bulle. Découvrons ces cépages dont l’empreinte se retrouve dans la clarté de chaque perle.
Ugni blanc : l’élégance discrète
- Synonyme : Trebbiano toscano en Italie
- Surface dans le Gers : environ 10 000 ha (source : Agreste 2022)
L’Ugni blanc est une figure de proue dans les assemblages gersois, tout autant pour l’Armagnac que pour les blancs secs et effervescents. Cépage tardif et vigoureux, sa grande acidité naturelle en fait un allié rêvé pour la prise de mousse : il garantit à la fois fraîcheur et légèreté. On le choisit particulièrement pour l’élaboration des méthodes traditionnelles destinées à vieillir un peu en cave, car son profil neutre laisse la bulle s’exprimer sans pesanteur.
Colombard : l’énergie du fruit
- Surface dans le Gers : près de 13 500 ha (Agreste 2022)
Le Colombard a quitté les ombres pour devenir l’un des cépages fétiches du Gers et du Côtes de Gascogne IGP. Il se distingue par son aromatique très éclatant (notes d’agrumes, de fleurs blanches et de buis), sa tension et sa vivacité. Dans les effervescents, il apporte ce grain joyeux, parfois exubérant, qui signe le profil « sud-ouest » et évite à la bulle de sombrer dans l’insipide.
Gros Manseng : la générosité retenue
- Surface : environ 4 800 ha (Agreste 2022)
Moins répandu que le Colombard, le Gros Manseng est néanmoins valorisé dans les effervescents pour sa palette aromatique ample — fruits exotiques, ananas, coing, écorce d’agrumes confit. Plus marqué par la douceur que son cousin le Petit Manseng, il offre structure et rondeur, mais gare à l’excès de sucre : son équilibre nerveux en fait un partenaire parfait, souvent en assemblage avec l’Ugni blanc.
Chardonnay : l’invité universel
- Origine : Bourgogne
- Présence dans le Gers : moins de 1 000 ha, mais en croissance (FranceAgriMer, 2022)
Si la Gascogne n’est pas sa terre d’origine, le Chardonnay séduit de plus en plus les vignerons du Gers tentés par la comparaison avec les crémants et autres bulles françaises. Il apporte élégance, droiture et cette touche beurrée/fruitée bien reconnaissable, se jouant des années et permettant des cuvées plus modernes, parfois en mono-cépage ou en assemblage avec l’Ugni blanc.
Petit Manseng : la rareté précieuse
- Surface : moins de 2 000 ha seulement sur tout le Sud-Ouest
Le Petit Manseng est plus confidentiel dans l’effervescent, mais certains domaines l’utilisent en basse proportion pour apporter complexité et longueur. Il pousse rarement sur les terres les plus planes ; il faut lui laisser la liberté des pentes pour qu’il dévoile ses notes de fruits confits et d’épices. Dans les bulles, il joue souvent le rôle d’un saute-ruisseau de l’aromatique, pointant le bout de son nez dans des cuvées haut de gamme ou en millésime exceptionnel.
Autres cépages secondaires et explorations
- Sauvignon blanc : utilisé parfois pour l’aromatique fraîche et herbacée, mais rarement majoritaire ;
- Folle Blanche : ancien cépage de l’Armagnac, il fut longtemps le préféré pour les mousseux avant d’être supplanté par l’Ugni blanc ; aujourd’hui très rare ;
- Merlot, Cabernet Franc, Cabernet Sauvignon : en version rosée effervescente (bruts rosés), ces cépages rouges sont vinifiés à basse température et avec un pressurage délicat pour extraire la couleur sans excès de tanins.
La Gascogne s’autorise aussi, à la marge, des essais avec d’autres variétés blanches ou rouges. L’IGP Côtes de Gascogne, plus souple que les appellations « AOC », autorise d’ailleurs plusieurs cépages dans les assemblages effervescents (cf. syndicat Côtes de Gascogne).